On m’a dit de me taire

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En seconde, nous avons eu mes deux sœurs et mon frère, l’opportunité de pouvoir aller en vacances en Afrique de l’ouest pour les vacances hiver. C’est tellement plus agréable de s’y rendre à cette époque de l’année car l’été en Europe représente la saison sèche dans cette partie du globe. En février, le temps était parfait, pas de pluie, il faisait chaud avec une petite brise provenant de la mer. Les soirées étaient idéales pour les veillées nocturnes, il faisait bon, frais et surtout aucun moustique à l’horizon. Autant dire que ces vacances avaient tout pour être réussies.

Ma maman n’aime pas trop que nous restions dans la capitale, c’est pourquoi nous avons l’habitude de partir le plus rapidement possible au village. Nous avions à peine eu le temps de déposer bagages dans la concession de mon père, voir ma cousine, des tantes vivants dans la grande ville, voir le mari encore jamais rencontré de la petite sœur de ma mère qui était venu du Canada, lui aussi pour les vacances, que nous étions déjà sur la route pour le village. La capitale pour soixante-douze heures maximum pas une heure de plus avec ma maman. Le village de mes parents, pour moi le seul endroit que je reconnais grâce à mes voyages précédents, c’est une fois tous arrivés dans la concession de mes grands-parents que nous nous sentîmes enfin en vacances. Le temps était encore mieux qu’à la capitale, la nuit faute d’électricité dans certaines zones notamment à la ferme de mon père, nous pouvions percevoir les cratères de la lune et les étoiles de plus belles que jamais. C’était splendide pour nos veillées entre cousins et mes grands-parents, qui eux restaient avec nous au début de la nuit et nous comptaient leurs histoires. Tous deux, mariés à 14 ans suite à un coup de foudre au marché de mon grand-père envers ma grand-mère, grand-papa a dû se battre pour obtenir la main de la femme de sa vie, qu’il chérit chaque jour que Dieu fait jusqu’à aujourd’hui. Ils ont surmonté tellement d’épreuves ensemble comme la famine et la pauvreté, les moments de gloire et richesse de leur couple ont toujours fait que mon grand-père refusa formellement la polygamie, signe d’aisance en Afrique de l’ouest car il disait à qui veut l’entendre que « sa femme lui suffit ». Mon grand-père est de nature blagueuse, nos débuts de soirée étaient des fous rires garantis. Le week-end avec mes cousins et oncles les plus jeunes, nous sortions en soirées, j’ai commencé à ce moment-là à flirter avec un de mes arrières-cousins.

Les vacances sont passées à une vitesse éclair, il était temps pour moi et une de mes petites sœurs de rentrer en France, mon autre petite sœur et mon petit frère étaient tous deux très jeunes, ils ont pu donc rester plus longtemps avec ma mère. Cependant, tout le monde nous accompagna à la capitale y compris ma tante mariée avec l’homme venant du Canada, ainsi que mon arrière cousin avec qui je flirtais, pour lui c’était sûr, j’étais la femme de sa vie et nous allions nous marier alors que pour moi il s’agissait uniquement d’un amour de vacances, mais bon, nous verrions la suite.

Nous fîmes trois jours à la capitale, le temps de s’enregistrer pour notre vol, acheté les derniers cadeaux, coudre les dernières tenues sans oublier de se faire coiffer. En ayant mis les pieds dans la plus grande ville du pays, nous nous sommes directement rendus chez le mari de ma tante pour des salutations, lui était resté à la capitale pour ses vacances, nous l’aimions bien car venant du Canada, il était vraiment ouvert d’esprit et nous achetait pleins de cadeaux. Venant, d’une famille musulmane, il était différent, par exemple il nous faisait la bise pour nous dire bonjour et aurevoir. Il était très connu dans le pays et influent car il était diamantaire d’où la non limite sur ses cadeaux.

A l’aller, la manière dont il m’avait fait la bise quand nous étions seuls ou avec ma petite sœur, alors un bébé, me perturbait car il me tenait par la taille en même temps. Cela me troublait et j’avais un mauvais pressentiment. Le soir de notre visite, ma tante amena ma petite sœur et moi chez des coiffeuses qu’elle connaissait, n’ayant fini ma coiffure que très tard, ma mère décida que je devais dormir chez ma tante. Par ce mauvais pressentiment dont je vous parlais plus haut, devant tout le monde j’ai supplié ma mère de m’attendre. Voyant que la décision était irrévocable, je me suis énervée et je lui ai parlé d’une manière insolente afin qu’elle comprenne que quelque chose n’allait pas car aller jusque là n’était pas dans mes habitudes. Je me suis sentie triste pour ma tante qui pensait que c’était à cause d’elle que je ne voulais pas dormir chez eux. Elle est tellement gentille et je la considère comme ma deuxième maman mais à ce moment-là, je cherchais plutôt à sauver ma peau. Je me suis calmée uniquement quand ma mère a dit qu’elle dirait à mon arrière cousin de venir me cherchait en taxi. Je me suis dit que c’était sûr que ce dernier allait venir me chercher étant donné qu’il ferait tout son possible pour passer ces derniers instants au pays avec moi.

Une fois la coiffure finie et arrivée chez ma tante, nous retrouvâmes mon oncle qui était émerveillée par ma nouvelle coiffure. Me regardant de haut en bas, il me couvrit de compliments, je ne savais où me mettre. Ma tante alla préparer le diner à la cuisine et la plus petite de mes sœurs qui était restée avec moi alla s’assoupir dans la chambre. Une fois seuls au salon, il s’assis sur le canapé à côté de moi, m’attrapât la main et frotta de manière intense son majeur contre la paume de ma main. Je ne connaissais pas la signification de cet acte, mais je savais pertinemment que ça n’était pas bon signe. Immobile, ne sachant pas quoi dire ni que faire, il m’a lâché et quelques minutes avant que ma tante revienne au salon. Une fois tous assis et ma tante de retour, il se leva et dit qu’il devait faire une course au marché en bas de chez lui, il me proposa de l’accompagner, je refusai. Il insista tellement que même ma tante me dit d’y aller. A cet instant précis, je sus que j’étais condamnée. Arrivé dans le couloir de l’immeuble sans électricité, il m’attrapa la main et la taille, nous descendîmes. Arrivés à la cour de l’immeuble, nous avons croisé un de ses voisins qui m’avait était présenté un peu plus tôt, nous voyant tous les deux, main dans la main, je le regardais avec des grands yeux pour communiquer ma détresse, il n’a pas saisi le message, il me regarda plutôt avec dégout comme une voleuse de mari…

Le marché en bas de chez lui n’était finalement pas celui où mon oncle souhaitait m’emmener, c’était un autre à une quinzaines de minutes de marche. Dans un endroit totalement inconnu pour moi, je me suis demandé, si je devais fuir ce serait vers où, je me suis enfouie avec lui dans un labyrinthe me permettant pas de me souvenir de l’endroit où vit ma tante, je connais personne et je n’ai même pas un téléphone portable sur moi pour appeler qui que ce soit. Me tenant, la main et parfois la taille, il voulait m’acheter une panoplie de choses, sous ses insistances, j’optai pour un soda. Nous sommes arrivés à la fin du marché, il faisait sombre, plus grand monde dans les allées, ses sujets de conversations s’orientaient vers ses grandes aptitudes sexuelles auprès des femmes canadiennes. Ne cachant plus son infidélité pour ma tante je sentis que le moment fatidique approchait. Il me montra une école en chantier, nous prouvions apercevoir les briques sans trop de toiture au loin, il m’y emmena, arrivés dans une pièce en construction, noire, vide, il me plaquât contre le mur et commença à me caresser et m’embrasser sur le cou. Je ne montrais aucun signe de peur, ni de faiblesse, je savais pertinemment que si c’était le cas, il allait me violer. Immobile face à ses actions, j’étais en train de réfléchir à une solution pour me sortir de là, j’avais le sentiment d’être complètement ailleurs. Je n’ai pas le souvenir de ressentir ses caresses, ni ses baisers. J’ai eu comme une pensée-éclair et je me mis soudain a baissé la tête en mettant la main sur mon front, il s’arrêta pour me demander ce qu’il y avait et je lui fis croire que mes tresses me tiraient, j’avais mal à la tête. Après un soupir de sa part, il me fit promettre de passer un peu de temps avec lui demain, je hochai la tête en signe d’approbation.

Une fois chez mon oncle, je vis ma tante avec des yeux si rouges que je compris qu’elle avait pleuré, comme leurs voisins, je voyais un regard de mépris comme si je lui avais volé son mari. Impossible de parler en la présence de mon oncle. Je me dirigeai dans la chambre où il m’accompagna pour me souhaiter bonne nuit me faisant la bise et me tenant par la taille. Une fois seule, j’ai réveillé ma petite sœur qui dormait avec moi et je lui ai demandé de rester debout avec moi. Elle était trop petite, elle était également trop fatiguée elle ne pouvait lutter contre le sommeil et s’assoupit quelques minutes plus tard. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, je pleuré tellement, en colère contre mon oncle, contre ma mère qui ne m’a pas laissé rentrer avec elle, contre mon arrière cousin qui n’était pas venu me chercher, et triste pour ma tante qui avait pleuré. Toutes ces pensées ont hanté mon esprit, j’entendais des va et viens de mon oncle toute la nuit en direction de ma chambre et je me suis dit qu’il allait tôt ou tard finir par rentrer et me forcer de coucher avec lui. Le dernier aller-retour qu’il fit, j’entendis ma tante lui crier : « où vas-tu ? » C’est à ce moment précis que je n’entendais plus ses pas en direction de ma chambre.

Le matin j’avais les yeux gonflés tels des balles de tennis, j’étais un monstre. Cela se voyait que ma tante avait également pleuré. Mon oncle en me voyant fit comme si de rien n’étais et les autres membres de la famille firent de même. Ma mère arriva, je lui dis que je voulais rentrer à la maison elle refusa formellement en disant que je devais l’accompagner pour enregistrer nos billets d’avion malgré encore une fois mon état et mes insistances, elle refusa et me dit joyeusement qu’un membre de l’agence royal air Maroc est une connaissance de mon oncle, il va nous accompagner pour faciliter les formalités. Il ne nous a pas lâché d’une semelle, j’ai tout fait pour me retrouver seule avec ma mère toute la journée tandis que mon oncle faisait tout son possible pour se retrouver seul avec moi. Un calvaire. C’est seulement une fois arrivées au bureau de l’ami à mon oncle gérant la boutique de royal Air Maroc que j’ai pu glisser deux mots comme mon oncle cherchait une place pour se garer. Sans prendre en compte l’homme assis en face de nous dans son bureau j’annonça rapidement ce qu’il s’état passé la veille en rajoutant que c’était pour ça que je ne voulais pas dormir là-bas. Visiblement, la personne travaillant pour Royal Air Maroc semblait gênée de la situation, ma mère me dit que ce n’était pas possible et de me taire.

En fin de journée, notre 4×4 approchait de la concession de mon père, le chauffeur baissa la vitre, mon arrière cousin demanda en regardant à l’arrière du véhicule où était « sa femme ». Je ruminais intérieurement, peu de temps après je compris qu’il avait préféré passer la nuit avec d’autres filles. Après mangé, je le questionnai sur les raisons pour lesquelles il n’était pas venu me chercher, il me dit que ma mère lui a dit que je dormais chez mon oncle hier soir, sans lui demander de venir me chercher en taxi, visiblement, l’un des deux mentait. Et après avoir posé la question à ma mère également, j’en ai déduit que je préférais croire ma mère. J’ai expliqué ce qu’il s’était passé à mon arrière cousin même attitude passive et ce prétexte que c’est un homme marié avec un enfant et que je peux gâcher un mariage. Je dois me taire.

 

Arrivé en France, j’ai parlé à mes proches de cette situation et j’ai remercié Dieu de m’avoir protégé. Je me disais qu’heureusement il n’avait rien eu cet homme ne m’avait pas pris ma virginité. Je relativisais et peu à peu calmer cette colère intérieure. J’ai également tant bien que mal apaiser la douleur du fait que ma maman ne m’avait pas cru et ne m’avait pas soutenue.

Silence radio, la vie continue, une femme ne doit pas entrainer la chute d’un foyer et une polémique familiale. Nos mœurs ouest-africaines sont pour beaucoup orientées dans le fait que la femme doit souffrir pour le bien de sa famille, elle doit endurer et patienter. En fait, si cet homme m’avait violé ce serait la même chose, silence. Je me rappelle qu’au moment où je raconter à ma mère ce qu’il s’était passé ce soir là avec mon oncle, ma mère me dit, moi aussi quand j’étais jeune un des mes oncles me touchait. Mais elle n’a pas poursuivi son histoire et j’ai vite compris qu’elle a respecté ses règles sociétales qui nous dictent de rien dire et de se taire.

Quelques mois plus tard, un beau matin où je commençais à 10 heures, le téléphone sonna alors que je dormais encore. Mon père cria mon prénom pour me dire de venir prendre le téléphone. En me levant, je tentais de me rassurer que je ne me fusse pas trompée sur mon emploi du temps et que c’était pas la CPE du lycée. Il me tendit le téléphone, et là j’entendis : « c’est moi, j’arrive » j’ai vite compris qui c’était et pourquoi il voulait personnellement m’annoncer la nouvelle. D’un ton livide je répondais : « cool, à bientôt ». J’étais totalement passive, pour ne pas éveiller les doutes auprès de mon père, je lui redonnai le téléphone et retournai dans ma chambre. Je n’étais plus capable de fermer l’œil à nouveau. Il fallait que je trouve une nouvelle stratégie pour éviter le pire.

J’ai attendu l’arrivée de ma mère dans la soirée pour me retrouver seule avec elle et lui annoncer la nouvelle. Elle me rassura en me disant que tout allait bien se passer qu’elle et mon père seraient là. Dans ce cas, impossible pour lui d’être seul. Elle rajouta que s’il y avait un problème j’irai chez ma meilleure amie. Un plan fut monté avec ma meilleur amie et mon petit copain de l’époque. Je resterai la plupart de mon temps dans ma chambre sur MSN, discussion avec webcam avec mon copain et si je sentais que ça allait mal tourner je fuis chez ma meilleure amie. Ce n’était pas un très plan ingénieux mais j’avais le soutien des gens que j’aime.

Quelques jours plus tard de bon matin, il vint, mon père ne sachant rien fut très accueillant et contrairement à son habitude, très causeur. Ma mère me lançait pertinemment des regards rassurants. J’allais me refugier dans ma chambre webcam allumée avec mon chéri. Nous parlions tranquillement, nous étions tout deux en alerte. Une heure plus tard, la porte de ma chambre s’ouvrit doucement, j’aperçut sa main… Puis soudain mon père est venu lui poser une question. Le mari de ma tante repartit au salon. Quelques minutes plus tard, il s’introduisit dans ma chambre, me demanda gentiment si ça va, si les études se passaient bien etc. Ainsi, il me questionna sur mes prochaines vacances dans mon pays d’origine, je répondis naïvement que je ne savais pas encore, sûrement quand mes parents auraient de l’argent pour qu’on parte. A ce moment précis, une lueur dans son regard, il me dit : « l’argent n’est pas un problème, rejoins-moi à 16 heures 30 dans cet hôtel et je te donne 1400 € et je t’achète ton billet. » Je secouai la tête en guise de refus qu’il se rapprocha de moi et mis sa main sur mon épaule pour descendre vers ma poitrine. Je regardais fixement la caméra immobile, un regard de détresse même si je savais que mon copain n’allait pas sortir de celle-ci pour me sauver. Il envoyait des « wizz » devenait fou, si frustré d’être impuissant face à la situation.

La porte s’ouvrit brusquement, ma mère entra dans la pièce. Par le bruit de la porte je compris qu’elle était venue le plus rapidement qu’elle put. Le mari de ma tante enleva sa main et par le regard de ma maman je compris qu’elle me croyait enfin. Elle me dit : « tu ne dois pas aller chez ta meilleure amie toi ? », je répondis : « oui, je me prépare ».

Je suis allée chez ma meilleure amie et je lui ai tout raconté, je suis rentrée un peu plus tard en début de soirée après un appel de ma mère m’informant qu’il n’était plus là. Arrivée à la maison je tombe de nues. J’apprends qu’il est parti une vingtaine de minutes après moi, pensant que j’allais le retrouver dans son hôtel, il s’inventa un rendez-vous d’affaire. Ma mère ayant préparer un repas pour sa présence parmi nous se sentit désolée de la situation. Elle alla donc à son hôtel pour lui ramener un tupperware. Il lui fit des avances tenta de l’embrasser et lui proposa de tout quitter pour le suivre en insultant la petite-sœur de ma mère de prostituée. Ma mère quitta son hôtel choquée mais aussi en colère et déboussolée face à la situation. En me racontant ce qu’il s’était passé, elle conclut en disant que cet homme était un malade mental. Elle attrapa le téléphone, appela ma famille maternelle pour une réunion d’urgence. La vérité éclata, sans que bien sûr cela n’arrive dans les oreilles de mon père car cela pourrait clairement dégénérer. Ma tante décida formellement de divorcer malgré les pleurs et les insistances de son ex-mari et des deux familles de réconcilier leurs couples. Depuis ce jour, je n’ai plus revu cet homme et je prie pour qu’ils ne contraignent pas d’autres femmes et d’autres filles.