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LOBA, ‘parle’. LOBA c’est aussi écouter. Ecouter les autres, écouter son corps, écouter son propre parcours et comprendre la force que l’on a.
Je m’appelle Tess, j’ai été stagiaire pendant 1 mois chez LOBA. J’ai travaillé au sein du protocole de soin en tant qu’observatrice pendant les ateliers.
Tout d’abord j’aimerais commencer par préciser qu’il est difficile d’exprimer toutes les émotions que j’ai vécues et de développer les réflexions qui m’ont interpellées. Cette expérience a été si riche que je suis constamment en train de traiter toutes les informations que j’ai pu recevoir et remettre en question mes positions sur certains sujets. Ma position d’observatrice m’a permis à la fois d’être présente, de capter tous les mots et gestes de l’atelier, noter les silences, les mouvements et les postures. Au début, on se sent peut être un peu de trop, on se demande si notre présence n’est pas dérangeante. Puis, on essaye de ne pas faire de sa présence un objet d’attraction. Pendant que les femmes parlent de leurs histoires, on se fond dans l’espace.
L’organisation d’un atelier me paraissait initialement simple : alternance entre des temps de parole, et des temps dansés. Mais au fur et à mesure, j’ai commencé à saisir l’aboutissement de cette combinaison. Il faut minutieusement choisir, quand est ce que l’on marque un silence, quand est ce que l’on danse et quels types de mouvements seront les plus adaptés pour permettre aux femmes de s’exprimer, de se sentir libre, légère. Tout ce processus, cette manière de capter l’énergie et de la faire ressortir par le mouvement est subtile. C’est un travail que j’admire beaucoup. Je me suis questionnée sur ma légitimité de participer aux ateliers, de pouvoir avoir accès aux histoires de ces femmes qui sont souvent très personnelles et sensibles. Cependant, progressivement je me suis sentie intégrée au dispositif.
J’ai réalisé dès mes premiers ateliers que je n’avais jamais réellement pris conscience de l’existence des centres d’hébergement d’urgence, des associations qui accueillent des femmes en situation de précarité ou de prostitution. Comme si ces structures appartenaient à un autre monde, un monde que j’ai pu croiser dans la rue, effleurant la porte sans jamais m’y arrêter. On sait tous que des femmes, des hommes, des enfants sont dans des situations précaires mais on ne se confronte jamais à leur parcours. On ne pose jamais de visage sur ces personnes. On ne leur fait jamais face d’égal à égal.
J’ai été aussi au contact de femmes en situation d’immigration qui ont chacune des histoires et parcours aussi intenses qu’uniques. J’ai réalisé à quel point la société pouvait effacer leur humanité. De fait, les sujets abordés dans les médias comme l’immigration de masse gomment l’individualité des parcours et au contraire tendent à déshumaniser les personnes en situation de migration. J’ai réalisé la difficulté de chacune face à l’administration française, la détermination de chacune face à une société qui leur tourne le dos. Je me suis rendue compte que chacune d’entre elles avait, à petite échelle, un rôle politique. À Ikambere, les femmes s’informent entre elles sur le VIH et se motivent afin d’être actrice de leur propre vie, de trouver un travail et de briser l’isolation. Elles sont aussi la preuve que le système d’aujourd’hui est défaillant quant à la prise en charge de femmes victimes de traumatismes.
Cette expérience a réellement fait évoluer ma vision et mes opinions sur certains sujets. Concernant la question de la religion
: j’ai grandi dans une éducation athée, je ne crois pas en Dieu, ni aux préceptes des religions, toujours sceptique et critique des religions, j’ai appris à la voir d’une manière complètement différente. Croire en Dieu n’est pas toujours une volonté de se responsabiliser mais c’est une façon de s’accrocher à l’espoir, l’espoir de sortir de sa solitude, l’espoir de se dire « Dieu nous garde » donc il faut continuer à se battre. C’est croire parce que l’on veut redonner.
Concernant le combat féministe : les paroles des femmes des ateliers ont confronté mes points de vu sur le féminisme. J’ai pris conscience de la centralisation des combats féministes en Occident. De fait, je me suis rendue compte que de nombreuses femmes font, dans un premier temps, face à de telles difficultés que certains combats semblent dérisoires, et dans un deuxième temps, sont confrontés à différents cercles d’intersectionnalités qui complexifient et diversifient leur position dans les combats féministes.
Pendant les ateliers, j’étais dans une posture mécanique où je recevais les histoires, les témoignages, sans me rendre compte de la profondeur des paroles. Faire partie de ces ateliers m’a fait à la fois me sentir utile, faire partie d’une équipe, et faire partie d’un projet qui a réellement un impact sur la société. Mais je me suis aussi sentie impuissante face à des femmes qui ont tant vécu et qui font toujours face à un rejet de la société.
J’ai été émue par les valeurs que chaque femme a ancré en elle. Ces femmes sont inspirantes. Elles se sont accrochées à leurs valeurs : générosité, loyauté, pardon, malgré le fait de s’être fait voler un morceau de leur dignité et de leur humanité.
Mon stage chez Loba m’a aussi fait prendre conscience des objectifs vers lesquels je souhaiterais tendre. Quelle éthique j’avais envie de porter dans mon parcours. C’est aussi réfléchir à pourquoi l’on fait ça. Pourquoi a-t-on envie tous les jours de porter ce projet, d’en parler, de chercher à le développer, à le perfectionner. Étudiante en Sciences politiques, j’ai toujours voulu travailler dans des grands groupes, gérer des grandes crises, et défendre des grandes affaires. Aujourd’hui je ne perds pas l’envie d’atteindre ces objectifs mais j’ai donné un réel sens à mes futurs projets, persuadée que j’accompagnerai ma vision de la société et mes réflexions à évoluer.
Finalement, je pense que ce stage m’a énormément fait grandir autant professionnellement que personnellement. Il m’a permis de nourrir ma réflexion, de confronter certains points de vue et d’approfondir mes opinions.
Merci LOBA pour cette expérience.
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