Au-delà de ce que nous sommes

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Au-delà de ce que nous sommes

 

Au commencement, « LArmes » n’avait pas de texte. « LArmes » c’était la danse, juste de la danse.

Puis est venu le verbe, les mots, les maux. Il fallait pouvoir les dire ces maux, les embrasser ces maux, les prononcer ces mots. Les porter, parce qu’ils pesaient leur poids ces mots, se les approprier pour pouvoir les partager. 

Les comprendre et les voir tels qu’ils sont. Les entendre et les aider à prendre corps. Enfin, les transmettre aux autres. 

Mais comment les délivrer sans trop les altérer ? Comment les divulguer pour qu’ils incitent les gens de tous les horizons à prendre position ? Comment, en soupesant ces mots, trouver tou·tes ensemble, une solution, des solutions à ces maux ? 

La plupart du temps, lorsque l’on a quelque chose à dire et que l’on a envie de s’insurger on investit la rue. On marche et l’on manifeste pour dire notre indignation, scander notre engagement. Mais les manifestations sont ponctuelles, elles laissent peu de place à l’échange d’idées bruts. On marche, on s’indigne, et puis voilà.  

« LArmes » offre un mode de concertation un peu différent. C’est un spectacle pour dire et raconter mais aussi un débat pour se mobiliser. 

C’est la rencontre de parfait·e·s inconnu·e·s, venu·e·s de tous les horizons, appartenant à toutes les classes sociales, à tous les corps de métiers. Les spectat·rice·eur·s de « LArmes » ont tous les âges, toutes les morphologies, toutes les origines, toutes les couleurs.

Il.Elle·s sont assis·es, les un·e·s à côté des autres, engoncé·e·s dans leur propre identité, vêtu de leur propre bagage social et culturel. Parce qu’il·elle·s sont différent·es, il·elle·s  vivent aussi le spectacle différemment, c’est un peu à chacun sa perception. 

Et pourtant face à cette succession de témoignages, pris à la gorge par ce déferlement d’atrocités, les voilà frappé·e·s d’un même sanglot, animé·e·s d’une même rage. Les voilà qui s’indignent du sort des femmes victimes du viol comme arme de guerre, qui s’indignent du sang qu’il·elle·s ont indirectement sur les mains, de cette responsabilité dont il·elle·s n’ont pas voulu mais qu’il·elle·s leur faut accepter. 

Quand la première partie du spectacle s’achève et que les lumières s’allument, beaucoup sont encore endormi·e·s, presque anesthésié·e·s, sous les coups de l’enchantement d’une performance qui oscille entre la réalité la plus crue, les chants et la danse la plus sublime. Puis, peu à peu, les voilà qui s’éveillent, qui s’animent pour devenir act·rice·eurs du débat. Rassemblé·e·s en petit groupe, il·elles réfléchissent à des solutions d’actions individuelles et collectives. 

Les artistes, à ce moment-là, ont déjà quitté la scène, il·elles sont passé·es dans le public, se sont assis·es, observent tout ce beau monde travailler dans une atmosphère collégiale. On se croirait dans un cours de travaux pratiques. Les spectat·rice·eurs auparavant muet·tes, statiques, se révèlent soudainement indiscipliné·es, furieu·ses·x. 

Car les rôles se sont inversés et c’est l’heure du réveil, du sursaut des consciences. En pleine possession de leurs moyens, les  act·rice·eur·s du monde de demain discutent avec empressement. Les idées fusent : et si l’on écrivait une bande dessinée pour sensibiliser un public plus large au viol comme arme de guerre ? Et si l’on créait des espaces de parole pour les victimes de la RDC ?  Et si l’on essayait de consommer plus éthique ? Et si l’on réclamait de la justice internationale qu’elle punisse enfin les coupables ? Les idées germent, elles sont légions. 

Différentes, spécifiques, à l’image de ce public hétéroclite, elles sont riches et variées. Absolument disparates, elles sont pourtant nées de la même prestation, ont jailli contre les mêmes atrocités, sont originaires du même bouillonnement de pensée. 

Et elles sont puissantes ces idées car elles sont la preuve que les gens ne repartent pas simplement avec ce qu’ils ont reçu, cette série de témoignages, cette réalité sordide ; elles sont la preuve que cela fonctionne, au moins un peu. C’est le don contre don comme dirait Marcel Mauss ; parce qu’il·elle·s ont reçu, à travers des idées d’actions, les voilà qui redonnent, prennent la parole. 

Les voilà qui ressortent engagé·e·s, les voilà qui ressortent enragé·e·s, prêt·e·s et décidé·e·s à changer le monde. Il.Elle·s ont à leur tour embrassé leur responsabilité, comme nous avant eux, comme nous avant vous. 

Et c’est pour cela que l’on vous a partagé tout cela, sur le viol comme arme de guerre, sur l’artivisme mais aussi sur « LArmes ». Car ce sont trois aspects, trois facettes de ce que nous sommes. Entre le viol comme arme de guerre et l’artivisme se tient « LArmes », ce spectacle-débat, cette fureur qui nous habite, ce cri que l’on vous transmet pour qu’une partie des horreurs de ce monde cesse grâce à l’aide de chacun·e d’entre vous.

Alors, comme les spectat·rice·eur·s de « LArmes » qui sont devenu·e·s act·rice·eur·s d’une société plus juste après avoir reçu les témoignages des femmes victimes du viol comme arme de guerre, serez-vous, vous aussi, métamorphosé·e·s ? En effet, que deviendrez-vous après avoir reçu tous ces mots ?  Qui souhaitez-vous être ? Quelles idées allez-vous nous transmettre, vous, lect·rice·eur·s  après avoir pris conscience de ces maux ?

Car ce monde est aussi le vôtre. Cette responsabilité nous vous l’avons partagé, transmis comme on passe un témoin, alors embrassez là. Soyez à l’origine du changement que vous voulez voir demain, n’ayez pas peur de devenir décisionnaires, act·rice·eur·s de la société dans laquelle vous voulez vivre. C’est aujourd’hui qu’il faut penser et construire le monde d’après, porter les idées que l’on souhaite voir appliquer. Et cet engagement là, ce désir-là, va bien au-delà du viol comme arme de guerre, de l’artivisme, de « LArmes », bien au-delà de ce que nous sommes … 

Artistes, spectat·rice·eur·s, lect·rice·eur·s, simples indignés, dans cette lutte pour un lendemain meilleur, nous sommes désormais au même niveau. 

PS : L’un·e des danseur·se·s de ce spectacle-débat m’a dit un jour, « LArmes » c’est moi, ma mère, mes sœurs, les femmes de chez moi, mes origines congolaises. C’est une façon pour moi de reconnecter avec le Congo de façon positive malgré la difficulté du sujet. Quand je danse pour « LArmes » je suis pleine de vie, et de force parce que finalement « LArmes » va bien au-delà de ce que je suis. 

Reine TCHICAYA

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