Demander l’asile en France : une lutte pour le droit de vivre (1/3)

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Étudiante en études africaines et actuellement stagiaire à l’association LOBA, j’ai pour mission de retranscrire les récits de vie des femmes que nous accompagnons au sein de nos ateliers de danse comme thérapie. Cette expérience m’a profondément marquée en ce qu’elle donne à voir les difficultés que ces femmes rencontrent pour leur demande d’asile. Cela m’a amenée à me questionner sur l’impact des dysfonctionnements institutionnels sur la situation précaire des femmes exilées en France. Parallèlement, ayant étudié les politiques migratoires, force m’a été de constater que les demandes d’asiles sont majoritairement refusées et qu’elles sont corrélées à 40 ans de politiques allant à l’encontre des exilés.

 

Suite à ce constat, j’ai décidé de mener un projet de plaidoyer en vue d’interpeller le Ministre de l’Intérieur sur les dérives de l’Office de Protection des Apatrides et des Réfugiés et de la Cour Nationale du Droit d’Asile. Afin de mener à bien cet objectif, il m’a semblé primordial d’interviewer des professionnelles exerçant dans ce domaine. J’ai donc eu le plaisir d’échanger avec une travailleuse sociale, une avocate et une officière de protection pour donner à voir leur quotidien et celui des demandeur.euses d’asile. Le but de cette série de trois articles est de rendre compte de ces dysfonctionnements qui sont les rouages d’une machine bien plus vaste qu’est le système du droit d’asile en France.

Article 1 : “L’aspect logistique c’est une catastrophe. On les malmène ces gens-là” : Témoignage d’une travailleuse sociale sur les difficultés de l’accompagnement des demandeur·euses d’asile.

M. débute sa carrière en tant qu’intervenante sociale au sein d’une association située à La Rochelle. Elle a travaillé dans plusieurs services, notamment ceux de l’accueil de jour et de nuit dans lesquels elle a accompagné des femmes victimes de violences conjugales, des familles et des personnes en situation irrégulière. Elle a beaucoup œuvré pour les demandeur·euses d’asile. Lorsqu’elle est arrivée dans l’association, plus de 50% de leur effectif sur l’accueil de nuit était des personnes migrantes primo-arrivantes. De par ses nombreuses expériences de terrain, M. a accepté de nous livrer son quotidien en tant que travailleuse sociale, dans lequel son engagement en faveur des exilé·es est confronté à de multiples obstacles. 

Lorsque les personnes exilées arrivent à l’association, M. les accueille dans son bureau pour enclencher une demande d’asile auprès de la SPADA-COALLIA (Structure du Premier Accueil des Demandeurs d’Asile) en vue d’obtenir un premier rendez-vous. Et c’est là que les choses se compliquent pour les personnes exilé·es. La SPADA-Coallia n’étant pas située à La Rochelle mais à Poitiers, iels doivent utiliser les moyens de transports. 

Auparavant, les frais de déplacement en bus étaient financés par le SAO (service d’accompagnement et d’orientation) mais suite aux grandes vagues migratoires, les financements sont à l’arrêt. Face à ce constat, M. a été contrainte de trouver une stratégie pour que les demandeur·euses d’asiles puissent se rendre à leur premier rendez-vous: “On avait plus d’aide non plus par les associations caritatives. Donc on leur disait : si vous vous faîtes contrôler, vous ne donnez pas votre vrai nom, vous ne donnez pas votre vrai prénom, vous donnez n’importe quelle identité et puis ils vous laisseront aller jusqu’à Poitiers.”.  

Cependant, M. explique que la plupart de leurs demandeur·euses d’asiles sont des personnes qui n’ont pas envie de frauder, et que cela ajoute une angoisse supplémentaire à leur situation précaire. Résultat : nombre des personnes qu’elle a accompagnées ont des amendes de trains majorées : “On avait 400 euros de frais mais on ne pouvait rien faire, on ne pouvait pas exonérer leurs amendes étant donné leur situation irrégulière”. 

En plus de la problématique des coûts de transports, s’ajoute celle de la constitution des dossiers OFPRA .  En raison de la vague migratoire de 2016-2017, la CIMADE, qui aidait à la rédaction des récits de vie des personnes exilées, étant débordée, a été contrainte de se décharger de cette mission. M. s’est donc engagée à aider les personnes exilées à rédiger leur récit de vie : “C’est pas pour jeter la pierre à la SPADA mais ils écrivent ce que les gens disent et ils ne vont pas plus loin. Un récit de vie se travaille. Il faut faire des recherches, regarder le nom du village, ce qu’il s’est passé, s’il est cohérent avec ce que les personnes nous disent. Je montais les dossiers OFPRA que je n’avais pas le droit de faire, ce n’était pas nos missions donc je le faisais toujours en cachette pendant le temps de mon travail. Je relisais avec eux le récit de vie, je leur posais des questions et je venais étoffer”.  

Ces difficultés logistiques s’appliquent également pour l’hébergement. Alors que les demandeur·euses d’asile ont le droit d’être hébergé·es en CADA (Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile), la procédure peine à se concrétiser. En attendant, ces demandeur·euses d’asile sont hébergé·es via le 115 et cela a  pour conséquence de réduire les capacités d’accueil pour les personnes sans abris ou en situation irrégulière. Pour pallier cette situation, M., avec l’aide de son équipe a maillé tout un fonctionnement pour orienter plus rapidement les personnes en CADA : “Donc on harcelait l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) avec des mails en disant que les demandeur·euses d’asiles sont sur l’urgence, on était même en contact avec les coordinateurs des CADA, on envoyait les attestations des demandeur·euses d’asile pour qu’ils puissent eux faire pression à l’OFII en disant qu’ils ont des places.” 

Le témoignage de M. n’est pas un cas isolé. Il est représentatif des dilemmes auxquels sont confrontés les travailleur·euses sociaux·ales sur la prise en charge des demandeur·euses d’asile. De plus M. est d’avis qu’il y a un manque de formation sur la manière d’accompagner les personnes exilées  et que cela peut également impacter les démarches 

administratives. Toutes ces difficultés tendent à mettre les travailleur·euses sociaux·ales dans des situations délicates, et ne font qu’accentuer la situation de grande précarité économique et de vulnérabilité physique des demandeur·euses d’asile. 

 

Mélissa BAVARD pour l’association LOBA

 

1. OFPRA (Office de protection des réfugiés et apatrides) est un établissement public administratif sous tutelle du ministère de l’Intérieur. C’est cette instance qui accorde ou non le statut de réfugié. Si la demande de protection est refusée, les demandeur.euses d’asiles peuvent faire un recours à la CNDA (Cour Nationale du Droit d’Asile).

2. La Cimade (Comité inter-mouvements auprès des évacués) est une association loi de 1901 qui défend les droits des personnes exilées.

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