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Aujourd’hui, la plupart des femmes accompagnées par LOBA sont issues d’un parcours migratoire et ont vécu des violences sexuelles, ce qui fait du traumatisme psychique une problématique centrale. Les violences multiples, et notamment sexuelles, qu’elles ont vécues constituent des événements à potentiel traumatique important. En effet, un événement n’est pas traumatique en lui-même, mais il peut provoquer un traumatisme chez la personne qui le vit. Ce qui fait traumatisme chez quelqu’un ne le fera peut-être pas chez quelqu’un d’autre. Toutefois, les violences sexuelles font partie des violences ayant le plus fort impact traumatique : « 80% des victimes de viol présentent des symptômes d’état de stress post-traumatique, comparativement à moins de 25% dans le cas de traumatisme en général » (1).
Caractériser le traumatisme
Le traumatisme psychique est défini par la manière dont il se manifeste, dans la vie en général, et dans la prise en charge. La définition du traumatisme ne fait pas consensus entre les professionnel·les de la santé mentale.
Le DSM-V (2), Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux et ouvrage de référence en psychiatrie, parle d’état de stress post-traumatique et liste les symptômes qui peuvent être présents ou non dans cet état :
- Un ou plusieurs symptômes envahissants (souvenirs répétitifs, involontaires et/ou envahissants, réactions dissociatives, sentiments intense ou prolongé de détresse psychique, réactions physiologiques marquées),
- Un évitement persistant des stimuli associés à un ou plusieurs événements traumatiques (souvenirs, pensées, sentiments, lieux et contextes)
- Des altérations négatives des compétences cognitives et de l’humeur (mémoire traumatique, croyances ou attentes négatives persistantes et exagérées, distorsions cognitives, état émotionnel négatif persistant, réduction de l’intérêt pour des activités qui s’avèrent importantes pour les investissements propres du sujet, sentiment de détachement d’autrui ou de devenir étranger, incapacité à éprouver des émotions positives),
- Un excès de réactivité (irritabilité, comportement irréfléchi ou autodestructeur, hypervigilance, réaction de sursaut, problème de concentration, perturbation du sommeil).
Pour parler d’état de stress post-traumatique, ces caractéristiques doivent être présentes sur une période de temps de plus d’un mois et « entraînent une souffrance significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants » (p.351, 2).
La définition du DSM-V permet de poser les bases et d’appréhender l’amplitude du traumatisme psychique. A cette liste de symptômes établie par le DSM-V s’ajoutent souvent des comorbidités, c’est-à-dire des pathologies associées, telles que la dépression, l’anxiété, le stress, la somatisation (très globalement, la manifestation physique de souffrances psychiques) et les addictions.
Les manifestations psychiques spécifiques au traumatisme
Trois concepts sont souvent associés au traumatisme psychique : la sidération, la dissociation et la mémoire traumatique. Ils sont essentiels à la compréhension des enjeux du traumatisme.
La sidération : face à la violence d’une situation, la sidération agit comme un mécanisme de sauvegarde de la personne en la paralysant physiquement (pas de cri, pas de mouvement) et psychiquement (pas d’analyse de la situation, la pensée est figée). Il s’agit d’une réponse à un réel danger de mort, car le stress extrême généré par la violence de l’événement implique la sécrétion d’hormones de stress (adrénaline et cortisol) à des doses qui deviennent rapidement toxiques pour le système cardio-vasculaire et cérébral. (3)
La dissociation : définie dans le DSM-V comme étant “une rupture et/ou une discontinuité dans l’intégration normale de la conscience, de la mémoire, de l’identité, de l’émotion, de la perception, de la représentation corporelle, du contrôle moteur et du comportement.” (2) Cela provoque un sentiment d’être un observateur extérieur, hors de son corps et distancié de son vécu.
La mémoire traumatique : C’est un trouble de la mémoire implicite émotionnelle. Les composantes émotionnelles et sensorielles de l’événement ne sont pas traitées (pensée figée par la sidération et mise à distance du vécu par la dissociation). Cela provoque une réapparition de l’image traumatique, avec une répétition intrusive de l’événement qui le fait revivre en totalité ou en partie à la personne. Cela induit qu’elle revit la même détresse, la même terreur, les mêmes réactions physiologiques, somatiques et psychologiques que lors de l’événement. (3)
La sidération, la dissociation et la mémoire traumatique rendent le récit de l’événement traumatique difficile voire impossible. La sidération bloque l’expression verbale et l’intégration psychique de ce qui vient de se passer, la dissociation met l’événement et ses conséquences à distance de la conscience, et la mémoire traumatique. A cela s’ajoutent les sentiments de honte et de culpabilité intense générés par le traumatisme.
Les types de traumatismes psychiques : la place de la migration
Les personnes prises en charge par LOBA sont issues de parcours migratoires et présentent un traumatisme spécifique : celui du trauma collectif.
Dans la littérature, on distingue trois types de trauma :
- Le trauma de type I, qui est lié à un événement unique, qui ne se répète pas dans le temps (avec une évolution des symptômes majoritairement favorable) (4)
- Le trauma de type II, qui est lié à un événement répété dans le temps (symptômes plus variés, atteinte identitaire et narcissique très durable car profonde). C’est notamment ce qu’on observe lors de violences sexuelles, car elles sont souvent répétées. (4)
- Le trauma de type III, qui est collectif et dit “de guerre” (5)
Le trauma de type III est un trauma complexe (6), car l’événement traumatique est répété, multiple et à caractère intentionnel. Chez les demandeurs d’asile et les migrants le trouble de stress post-traumatique est 4 fois plus élevé que dans la population générale.
Il y a trois facteurs (7) dans le trauma migratoire, de type III :
- Pré-migratoire : violences extrêmes (détention, torture, guerres), les morts traumatiques (assassinats, disparitions)
- Per-migratoire : fuite dans des conditions extrêmes, confrontation aux réseaux mafieux
- Post-migratoire : précarité sociale, vécus de perte, incertitudes de l’avenir, vécus d’isolement et de déracinement. A cela s’ajoute un second traumatisme, qui est constitué par la réponse de l’environnement à la personne blessée, traumatisée : le rejet contribue à entretenir et à chroniciser les psychopathologies.
Adaptation de la prise en charge par LOBA
LOBA propose une prise en charge spécifique, par la danse-thérapie. Les ateliers associent danse et parole, pour favoriser l’émergence du discours. Dans ces ateliers, la dimension culturelle est très importante. Elle nourrit socialement les participantes, favorise le travail de reconstruction identitaire et crée des mouvements d’identifications entre les participantes et avec les thérapeutes. La mise en mouvement du corps, en souffrance, médicalisé, distant et porteur des vécus de violence, rend l’intégration du traumatisme possible. Enfin, le groupe en lui-même est contenant, sécurisant et co-construit, ce qui constitue le premier temps du soin psychique. Le deuxième temps est de créer les conditions nécessaires à la narrativité (dans les temps de parole), pour que dans un troisième temps, les participantes investissent les liens sociaux et construisent une confiance en l’avenir (7). Ce qui est important dans la prise en charge du traumatisme est de rester à l’écoute des patient.e.s, car il se manifeste différemment chez chacun·e.
La prise en charge de la santé mentale s’accompagne d’une prise en charge médicale, juridique et sociale. L’interdisciplinarité est essentielle dans le parcours de soin des participantes, car sans elle, la progression des participantes est déséquilibrée. L’avancée de la prise en charge du traumatisme psychique est conditionnée par les réponses judiciaires, les soins médicaux et l’insertion sociale.
Références
1. Côté, L. (1996). Les facteurs de vulnérabilité et les enjeux psychodynamiques dans les réactions post-traumatiques. Virage ambulatoire, 21(1), 209-227
2. American Psychiatric Association (2015). Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. 5e éd. Paris : Elsevier
3. Salmona, M. (2017). Chapitre 19. Impact des violences sexuelles sur la santé des victimes : la mémoire traumatique à l’œuvre. Dans : C. Tarquinio, M-J. Brennensthul, H. Dellucci, M. Iracane-Coste, J. Rydberg, M. Silvestre, & E. Zimmerman, Pratique de la psychothérapie EMDR (pp. 207-218). Paris: Dunod. https://doi.org/10.3917/dunod.tarqu.2017.01.0207
4. Terr, L. C. (1991). Acute responses to external events and posttraumatic stress disorders. In M. Lewis (Ed.), Child and adolescent psychiatry: A comprehensive textbook (pp. 755–763). Williams & Wilkins Co.
5. Solomon, P., & Heide, K. (1999). Type III Trauma: Toward a more effective conceptualization of psychological trauma. International Journal of Offender Therapy and Comparative Criminology, 43(2), 202-210. https://doi.org/10.1177/0306624X99432007
6. Herman, J.L., & Harvey, M.R. (1997). Adult Memories of Childhood Trauma: A Naturalistic Clinical Study. Journal of Traumatic Stress, 10, 557–571. https://doi.org/10.1023/A:1024889601838
7. Chahraoui, K. (09 octobre 2021). Comprendre les processus de vulnérabilité et les traumas complexes pour mieux soigner. [Colloque] Parcours traumatiques, migrations et dispositifs de soins, Université Paris 8, Saint-Denis
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