Le monde d’après

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De quel monde voulons-nous après ?

 

La crise avance. Les jours passent et se ressemblent, ou presque. Hier la Chine était l’épicentre de l’épidémie, aujourd’hui c’est au tour de l’Europe, demain les Etats-Unis. Curieux voyage que celui de cet organisme invisible qui passe les frontières érigées par les hommes. Curieux voyage que celui de cet organisme qui déstabilise jusqu’à nos moyens de pensées. 

La course a déjà commencé : on cherche LA solution. Chloroquine entend-on par-ci, injection de plasma de celles·ceux qui ont guéris, entend-on par-là. Et les vaccins ? A-t-on pensé aux vaccins ? Oui, mais ils nous faut des cobayes, « oups », pardon, des volontaires. A-t-on des volontaires ? Qui oserait, qui voudrait ? On s’entre-regarde un peu, pas longtemps. Les idées germent.

On peut commencer en Afrique, suggèrent les uns ; mais il y’ a plus de morts chez nous, rappellent les autres. Léger désaccord, dilemme. Les vaccins ne seraient-ils pas plus profitables aux populations les plus touchées ? Trop tard, la République Démocratique du Congo a signé, elle est partante ! Hourra.

Aux maux d’hier s’ajoutent ainsi les maux d’aujourd’hui. Le covid-19 arrive, succède à Ebola :  voilà le peuple congolais qui tombe de Charybde en Scylla. Je vois déjà les gros titres : Les femmes violées en première ligne pour des essais cliniques ! De victime de viol comme arme de guerre à rat de laboratoire, il semble désormais n’y avoir qu’un pas. 

Et pendant que tout le monde s’insurge de cette effroyable nouvelle, choqué par cette idée suggérée par les intellectuels français – ceux-là même qui passent à la télé pour se moquer des « Pokémon qu’on enterre » –  je me surprends à imaginer le monde d’après. Le monde post covid-19.

Car en définitive, qu’allons-nous retenir de cette crise ? Que voulons-nous retenir de ces mois d’enfermement ? Les médias parlent d’une terre plus saine, d’une terre qui renaît, d’un monde préférable sans la race humaine. Un monde où la nature reprend ses droits. 

Figé·es dans l’espace, chez nous, figé·es dans le temps, en nous, et si c’était effectivement notre dernière chance ? L’occasion de dire on efface tout et on recommence. Quels changements voudrions-nous voir ? Quels sacrifices serions-nous prêt·e·s à faire ? Quels combats aimerions-nous mener ? En vérité, de quel monde voulons-nous après ?

Si je devais répondre à cette question, je dirais que je veux vivre dans un monde où la lutte contre le viol comme arme de guerre serait la priorité de tou·te·s, et surtout des puissants, de celles·ceux qui prennent les décisions.

Un monde où les victimes n’auraient plus peur de 

Briser le silence

Un monde où l’on encouragerait

La masculinité positive

Un monde où l’on lutterait réellement  

Contre l’impunité 

Car ce sont là les trois prérequis, comme l’a rappelé le Dr Mukwege, pour lutter contre le viol comme arme de guerre. Et si je n’avais qu’un seul combat à mener, ce serait celui-là. Imaginer est une chose, s’engager en est une autre et en vérité nous pouvons tou·tes agir à notre échelle.

Ainsi, pour qu’ils·elles puissent briser le silence, apprends à écouter. Ton voisin, ta sœur, celui·celle que tu n’as pas encore rencontré·e est peut-être concerné·e. C’est en ne les stigmatisant pas et en ne mettant pas en doute leur parole qu’ils·elles pourront témoigner.

Pour encourager la masculinité positive, remets en question le monde qui t’entoure. Interroge-toi sur ce monde où, en temps de crise, les décisionnaires sont majoritairement des hommes blancs et où les femmes sont celles qu’on envoie au front.  Réfléchis au culte de la virilité et à ses significations. 

Pour lutter contre l’impunité, Acharne-toi à dire non, à dire STOP. N’hésite pas à réclamer justice car bon cuisinier ou bon réalisateur, un prédateur reste un prédateur. Celui qui a commis un crime doit être jugé, ceci n’est pas un film, c’est la réalité.

Il ne tient qu’à nous d’appliquer au quotidien ces recommandations, d’ouvrir les yeux, de réfléchir et de  penser en dehors de la boîte. Aussi je pose la question franchement : Et vous, et toi, de quel monde veux-tu après ?

P.-S. : mon père, en  grand fan d’existentialisme, me répète souvent : aucune situation n’est intolérable en elle-même, tout dépend de la signification qu’on lui confère. Cette situation nous offre à tou·tes l’opportunité de réfléchir à cette signification, saisissons-là !  

Force à vous, force à nous

 

Reine TCHICAYA pour l’association LOBA

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