Révolte. L’art est un engagement

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Révolte. L’art est un engagement

Révolte. Il est 12h pile, à l’heure du confinement. C’est-à-dire la même heure, tous les jours, à quelques variations près. 

Révolte. Il est 12h pile à l’heure du confinement, heure des exactions et des violences policières. 

Pas un mot plus haut que l’autre, pas de brutalité, en plein monde confiné, quand les uns se rassemblent pour danser ils sont gentiment refoulés (vu dans le 18ème). Pas de demi-mesure, on ne fait pas dans la dentelle, quand les autres vagabondent, seuls, ils sont immédiatement fichés, frappés, déshumanisés (vu à Saint-Denis). 

Révolte. Il est 12h pile à l’heure du confinement, on a attendu les giboulées de Mars voilà les coups d’Avril qui pleuvent. (Paris/Banlieue) 

Révolte. Il est 12h pile à l’heure du confinement, les masques sont en vente en pharmacie. 

Condition sine qua non de notre liberté : le Saint Graal qu’il faut se procurer.

Révolte. Il est 12h pile à l’heure du confinement. Une journaliste noire s’est fait injustement plagier. 

Révolte. Il est 12h pile à l’heure du confinement et l’actualité me fait enrager.

J’enrage de ce que je lis, j’enrage de ce que je vois, j’enrage de ce que j’entends. Ma colère gronde, violente, tout aussi irrépressible que ma faim, tout aussi inextinguible que ma soif. Celles-là mêmes qui me poussent à dire et croire, tous les jours, qu’il est 12h pile, à l’heure du confinement. Celles-là mêmes qui me poussent à préférer le dehors au dedans, l’action à l’atermoiement. 

Révolte. Il est 12h pile à l’heure du confinement et c’est le moment idéal pour descendre dans la rue et demander des comptes. La rue, notre rue, notre espace. Ce monde de tous les possibles qui a vu, en partie, naître l’artivisme. Ce mouvement qui rechigne parfois à se nommer comme tel, ce néologisme formé à partir des mots “artiste” et “activiste”.

Révolte. Et le mot est à propos car l’artivisme est l’art des révoltés. L’art de celles·ceux qui n’hésitent pas, l’art de celles·ceux qui ont des choses à dire. Pratiques artistiques diverses et variées, l’artivisme est la vitrine de celles·ceux qui agissent, de celles·ceux qui insistent et qui par l’intermédiaire de l’art, invite les publics à la réflexion.

Et aussi à la Révolte. Née dans les années 60, « art engagé et engageant », l’artivisme cherche ses spectat·rice·eur·s, les appelle au rassemblement. L’idée ? Faire sortir les gens de leur « inertie supposée » je dirais même parfois imposée. L’objectif ? Les aider à se mobiliser et à « prendre position ». Dès lors cet art engageant n’est pas un art par soi et pour soi mais un art par tous et pour tous. Par tous car, parfois sans artistes, « l’artivisme est l’art des militants ». L’art de celles·ceux qui ont un des convictions. Pour tous car pour faire passer leur message, nombre d’entre elles·eux investissent l’espace public comme une nouvelle toile. 

Une toile de la révolte, du bouleversement et du changement. C’est là que se trouve d’ailleurs la force de ces nouveaux activistes. Ils ont délaissé, pour la grande majorité, l’espace figé des musées, abandonné les temples de l’art bourgeois dont on ne connaît que trop le public pour donner accès à l’art aux franges les plus modestes de la société. L’art qui est déplacé, transposé dans des lieux où l’on ne l’attend pas, invite à sa table, pour le souper ou le déjeuner, celles·ceux auxquel·le·s on ne pense pas, celles·ceux auxquel·le·s on ne pense plus. Venez comme vous êtes dit l’artivisme, apportez de ce que vous êtes, on verra ce qu’on fera avec. 

Et c’est de ce postulat que partent beaucoup de performances d’artivistes. Des autres, de soi. On donne puis l’on reçoit. C’est pourquoi l’artiviste dénonce. 

Révolte. Comme ce collectif d’artistes et son projet #NotABugSplat qui dans la région de Khyber Pukhtoonkhwa, au Pakistan, a décidé, pour sensibiliser le monde aux “frappes indifférenciées” des drones armées, de poser au sol l’image d’une petite fille anonyme. Portrait gigantesque placé dans une zone géographique sous haute tension, le portrait est une cible géante. Mais à travers lui c’est l’indifférenciation des forces armés qui, avec leurs frappes, n’épargnent pas les civils, qui est pris pour cible. À travers lui c’est tout un système qui se retrouve en ligne de mire. L’artiviste permet le renversement.

 

Révolte. L’artiviste proteste, comme en écho à l’affirmation de Tristan Tzara sur l’artiste moderne. L’artiste, ne peint plus, il se lève et manifeste. C’est pour cela qu’il descend dans la rue. En cela il n’est plus seulement artiste, il est surtout humain. La séparation entre l’art et la vie quotidienne s’effrite et s’effiloche ainsi sous les coups de la conviction, sous le souffle de la révolte. Lorsque les femmes  du monde entier reprennent en chœur, comme un hymne,  et scandent, yeux bandés, les paroles du morceau de LasTesis, « un violador en tu camino » ; on est face à de l’artivisme. Et un artivisme puissant, révélateur, qui tire toute sa force et sa pertinence de sa puissance de reproduction, d’adaptation. 

Révolte. L’artiviste reconquiert l’espace public et  redonne à qui de droit, la place qui lui revient. Il jette un coup de projecteur sur les invisibles, les oubliés, rappelle au monde leur existence et force les médias à en prendre conscience, peut-être même à les réhabiliter.  C’est ce que fait le photographe français JR avec ses portraits XXL. Il fait surgir la vie, réinsère l’humain, dans des lieux où la violence et l’extrême pauvreté ont retiré à ses habitants une partie de leur humanité. Favelas, bidonvilles sont alors autant d’endroits où il donne à apercevoir les portraits d’anonymes qui,par leur présence, offre au simple passant un autre regard sur le monde, sur l’espace où il circule. 

Révolte. L’artiviste enfin tend un miroir au monde. Le temps d’une performance, d’un spectacle, d’un débat, il offre au public l’occasion de se réinventer, de penser et de se repenser. D’ailleurs c’est aussi ce que l’on fait chez LOBA. Décidé·e·s à faire entendre la voix de celles qu’on ne voit pas, les femmes victimes du viol comme arme de guerre et plus largement celle des femmes victimes de traumatismes à travers l’art, la danse. Désireu·ses·x de proposer au monde un état d’être, d’engager avec chacun·e un dialogue, d’associer à notre lutte celles·ceux qui nous suivent et nous soutiennent et d’entamer avec elles·eux une réflexion collective sur le monde d’après, à travers l’art, l’écriture. 

Révolté·e·s et fier·e de l’être, rouage dans la petite histoire de l’artivisme, je m’engage à travers l’art pour vous mais surtout avec vous. C’est donc un dialogue entre vous et moi, une confidence de vous à moi, ma façon de continuer à vous interpeller, ma vision de la résistance culturelle qui « parce qu’elle mobilise l’imagination, l’instinct, l’émotion, bref tout ce qui existe dans l’homme à l’état sauvage […] suscite ce que la raison seule ne produira jamais : l’enthousiasme [..] donne du pouvoir à ceux qui n’en ont pas, ou plus, ou pas assez ».  

Ma révolte est collective, mon enthousiasme partagé. 

Reine TCHICAYA pour l’asssociation LOBA

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C’est donc un dialogue entre vous et moi, une confidence de vous à moi, ma façon de continuer à vous interpeller, ma vision de la résistance culturelle qui « parce qu’elle mobilise l’imagination, l’instinct, l’émotion, bref tout ce qui existe dans l’homme à l’état sauvage […] suscite ce que la raison seule ne produira jamais : l’enthousiasme [..] ; offre à ceux qui résistent des mythes auxquels s’identifier, des raisons de se rassembler et des moyens de se renforcer. Les Anglos-Saxons ont un mot pour ça : empowering. [Ma] résistance culturelle donne du pouvoir à ceux qui n’en ont pas, ou plus, ou pas assez ».  

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