Sortir de l’hétérosexualité

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Juliet DROUAR, Sortir de l’hétérosexualité, 2021

 

L’auteur·rice 

“Après avoir été assigné·e femme le 18 novembre 1986 à Angers, Juliet Drouar decide de tenter autre chose. Peut être référencié·e comme thérapeuthe, activiste, artiste, chercheureuse, gouine, trans, pédé·e, blanc·he, valide, mince, de classe moyenne.”

Juliet Drouar est art-thérapeute en soutien aux personnes LGBTQIA+. Iel est le·la créateur·rice du festival féministe Des sexes et des “Femmes”  : un événement avec des tables rondes, une exposition ou encore des ateliers d’auto-gynécologie ou d’art-thérapie, l’événement aborde des thèmes très divers, comme l’intersexualité et la transidentité, l’inceste et le viol, le sexisme en médecine et les violences obstétricales/gynécologique ou encore les mutiliations génitales et la sexualité.

Sortir de l’hétérosexualité

Si nous étions des personnes plutôt que des hommes ou des femmes ? 

Juliet Drouar analyse l’hétérosexualité en tant que système, un système hétéropatriarcal et hétérosexiste. Il n’est pas question dans cet ouvrage de l’hétérosexualité en tant que préférence/attirance sexuelle et/ou romantique mais bien de déconstruire une socialisation cis-hétéronormée. 

Son parti pris est le suivant : un statut hiérarchique émane de catégories sociales basées sur les organes génitaux : le postulat de cet essai est de requestionner ces catégories et penser une société égalitaire, au delà de la binarité de genre, qui produirait  des personnes plutôt que des hommes ou des femmes. 

Dans ce manifeste, les catégories d’hommes et de femmes sont définies comme des catégories de dominants et de dominées. On y aborde le programme pré-défini et attendu par la société lors de notre assignation de genre à la naissance. Cette assignation, arbitraire et fausse, assigne des rôles sociaux à chaque genre, qui sont censés être complémentaires. Il s’agit, dès la naissance de se centrer sur le “sexe” plus que sur d’autres organes (ce qui serait tout aussi absurde) pour déterminer une trajectoire de vie sociale. C’est une différenciation qui n’a rien d’inné, rien de naturel, rien d’universel, rien d’atemporel. C’est la  mise en relation obligatoire, étroites et intimes, des personnes assignées “femme” avec les personnes assignées “homme”, que l’on nomme l’hétérosexualité.

 

SUR LE LIVRE

C’est quoi le problème avec l’hétérosexualité ?

 

Pas d’hommes, pas de femmes : pas d’hétérosexualité. Pas de sexisme. 

Pour l’auteur·rice, si les catégories “hommes” et “femmes” n’existaient pas, l’hétérosexualité, donc le sexisme, l’homophobie et la transphobie n’existeraient pas non plus.  

En effet, la différenciation de chaque individu par rapport à ses organes génitaux est complètement aléatoire : nous avons toustes des tétons, des poitrines, des poils, de la testostérone, des œstrogènes, des glands et des prépuces. 

En fait, le régime hétérosexuel justifie le processus de différenciation des sexes tout en lui permettant de s’accomplir. L’hétérosexualité serait donc théologique, c’est-à-dire qu’elle contiendrait en elle-même sa justification de sa propre existence : elle explique la distinction entre les hommes et les femmes par la finalité qu’iels auraient à vivre en hétérosexualité. 

A travers des réflexions historiques, en explorant d’autres cultures, Juliet Drouar rappelle que l’hétérosexualité n’est ni ancestrale, ni originelle ou ni même universelle. 

Des chercheur·euse·s queer et racisé·e·s nous ont rappelé que la colonisation était venue effacer une pluralité de modèles et de typologies de système, qui ne se fondaient pas sur le genre pour batir une hiérarchisation sociale – mais parfois sur l’âge, comme la culture yoruba, décryptée par la chercheuse et féministe nigériane Oyeronke Oyewumi (Invention of Women), culture dont la langue n’était pas genrée avant l’arrivée du colonisateur. Oyeronke Oyewumi démontre que les catégories de sexes ont été imposées par les Occidentaux.

Le cistème hétérosexuel 

Ce “cistème” s’articule autour de trois opérations : différenciation des sexes, mise en couple obligatoire des parties prenantes, exploitation des personnes dominées. Dans ces mises en relation asymétriques et systématiques par et pour les hommes cis-hétérosexuels, “les autres” sont exploité·e·s : travaux gratuits ou sous payés (matériels/sexuels/émotionnels/intellectuels) au sein de la famille, du couple, de l’entreprise. 

Le.la auteur·rice avance l’idée que la mise en relation hétérosexuelle est une contrainte imposée, par les hommes cis-hétérosexuels, par la menace et par la romantisation des violences sexistes et sexuelles des dominants sur les dominées. 

 L’hétérosexualité, le tabou du féminisme ? 

Tant que les féministes continueront à revendiquer une égalité entre hommes et femmes, elles continueront à conserver, perpétuer et justifier une différenciation entre les personnes, et donc des positions de dominants et de dominées. Si l’on cessait de discriminer les personnes entre hommes et femmes, on n’aurait plus besoin de réclamer une égalité qui serait de fait. 

Lors de l’émergence des mouvements féministes des années 60, différents courant ont émergés pour peu à peu s’opposer (cf. fiche ressources). 

Les émeutes de Stonewall en 1969 marque le début du mouvement gay, mené par deux femmes trans racisées, travailleuses de sexe, Marsha P. Johnson et Sylvia Riveira. 

→ Les lesbiennes des années 60 et les mouvements queer ont conceptualisé l’hétérosexualité en tant que régime politique à la base du sexisme il y a déjà plusieurs décennies. 

Admettre que les contrats cisgenres et hétérosexuels nous oppressent tou·te·s : pour lutter contre l’effacement des personnes autre que femmes cisgenres qui subissent le sexisme, Juliet Drouar propose d’utiliser le terme de personne “sexisées” – incluant les personnes intersexes, trans, lesbiennes, gay, bi·e·s… 

Cette piste est inspirée du terme “racisé”, forgé et théorisé par les militant·e·s antiracistes, qui, concernant le racisme, permet de décrire un processus de construction de la race sans en nier pour autant l’aspect imposé et le fait qu’il deviennent une réalité sociale pour les personnes concernées. 

Sortir de l’hétérosexualité 

Sortir de l’hétérosexualité c’est sortir d’un système de domination : que les personnes sexisées cessent de se faire exploiter au sein du couple hétérosexuel (travail gratuit). C’est aussi reconnaître que les “minorités” de genre n’en sont pas. C’est penser un nouveau système politique et relationnel sans entrave.  

JULES GUYOT DE CAMY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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