En Syrie, les violences incessantes du régime sur sa population

[et_pb_section fb_built= »1″ _builder_version= »4.9.6″ _module_preset= »default » custom_padding= »17px||||| »][et_pb_row _builder_version= »4.9.6″ _module_preset= »default » custom_padding= »0px||||| »][et_pb_column _builder_version= »4.9.6″ _module_preset= »default » type= »4_4″][et_pb_text _builder_version= »4.9.6″ _module_preset= »default » hover_enabled= »0″ sticky_enabled= »0″ min_height= »1692.2px »]

En Syrie, les violences incessantes du régime sur sa population

La révolution syrienne débute en mars 2011, en plein cœur du printemps arabe. Pacifique, la population appelle à la démocratie contre le régime du Président de la République arabe syrienne, Bachar Al-Assad, en fonction depuis le 17 juillet 2000 et réélu en mai dernier pour 7 ans supplémentaires. Maria Al Abdeh, directrice de l’association « Women Now for Development », revient sur ces années de répressions.

« Le régime syrien a créé une terre propice à ce que tous les criminels fassent ce qu’ils veulent, parce qu’il y a une impunité totale. » affirme Maria depuis son appartement berlinois. Figure majeure de l’opposition, elle voit en 2011 tou·tes ses ami·es se faire arrêter par le gouvernement syrien tandis que les islamistes et criminel·les emprisonné·es se voient libéré·es. Pour elle, c’est une stratégie de Bachar Al-Assad :  libérer et créer des groupes armés aussi criminels que lui pour que l’opposition, les demandes pacifiques et démocratiques soient oubliées. 

Un des régimes les plus criminels de l’histoire contemporaine 

Selon l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme, 270 000 personnes ont été tuées entre 2011 et 2016. En effet, Bachar Al-Assad et ses troupes armées n’ont jamais hésité à attaquer la population civile. Durant l’été 2013, un millier de personnes ont été tuées par des attaques chimiques perpétrées dans les faubourgs de Damas, zone contrôlée par l’armée syrienne libre, principale force d’opposition du régime. En 2016, c’est la population de Sarabeq, située dans le nord-ouest du pays, qui en est victime. Leur but ? Massacrer la rébellion.

« Pour moi, c’est un des régimes les plus criminels de l’histoire contemporaine. » poursuit Maria Al Abdeh. Sans motif légitime, n’importe quelle personne peut se faire arrêter et enfermer dans un des nombreux centres de détention présents en Syrie. Au début de la révolution, le régime craignant de mettre en colère la société entière, n’arrête que très peu les femmes ou alors, le temps de quelques heures seulement. Pourtant, très vite, voyant que le mouvement ne s’arrête pas, les femmes deviennent elles aussi victimes de disparitions forcées, de prises d’otage. 

Ces actes surviennent lors de la fouille des maisons. Si les forces de Bachar Al-Assad cherchent le mari ou le fils mais ne le trouvent pas, elles prennent femme et enfants. « Juste hier, il y a une femme qui est sortie de prison. Ça faisait 10 ans qu’elle avait été arrêtée avec ses enfants. Ils avaient 10 et 8 ans. Les enfants ont aujourd’hui 20 et 18 ans. Ils ont été arrêtés parce que le père était un ancien militaire de l’armée syrienne et il a été déféré. Comme on n’arrivait pas à le trouver, on a pris la femme et les enfants. » me confie Maria. Cela se produit aussi lors de passages de checkpoints. Si un passager provient d’une région connue comme étant rebelle, les forces armées le font descendre du bus, l’humilie, le viole, l’arrête parfois, ou le laisse partir.

Les violences sexuelles comme outils de destruction de la société

La notion d’honneur est importante aux yeux de la population et est intimement liée aux femmes. Toucher une syrienne c’est nuire à la réputation de sa famille, de son clan et parfois même de son village. 

Pourtant, l’armée n’hésite pas à utiliser cette arme en dénudant la femme, en la jetant entre les mains des hommes détenus, en lui enlevant son foulard, en la touchant, en la torturant à l’éléctricité, en la violant devant son mari, ses enfants, dans la rue, parfois jusqu’à en perdre connaissance. S’en prendre aux femmes est ainsi, une manière d’atteindre la résistance, de toucher l’intouchable, de s’attaquer à l’honneur et de détruire la société.

Les hommes sont aussi victimes des violences sexuelles infligées par les forces armées de Bachar Al-Assad mais l’ampleur n’est pas la même. La directrice de « Women Now for Development » le souligne, « Le viol d’un homme, ça reste une relation avec la victime et le violeur. Le viol d’une femme, ça devient une affaire d’honneur de toute la famille. » A sa sortie de prison, une femme ne sera pas reconnue comme victime mais comme fautive. A l’inverse, un homme sera reconnu comme un héros.

Au sein des classes sociales les plus défavorisées, il suffit au régime syrien d’arrêter une femme et de lancer une rumeur de viol pour détruire sa famille. Lors d’une interview menée par les collègues de Maria Al Abdeh pour leur rapport « Survivre la liberté, Analyse de la situation des femmes libérés des prisons syriennes », une rescapée confie « on ne m’a pas touchée mais on m’a dit  « on va te laisser enfermée ici et quand tu vas sortir, toute la réputation de ta famille sera ruinée. » »

Lorsque ces femmes sont libérées, elles n’ont accès à rien et se retrouvent parfois exilées dans les zones contrôlées par le régime syrien. L’association « Women Now for Development  » – créée en 2013 par Samar Yazbek, écrivaine syrienne de renommée internationale, et dirigée par Maria Al Abdeh – accueille les femmes rescapées du régime au sein de leurs centres. Là-bas, les équipes offrent un soutien psychosocial aux survivantes. Elles les aident à retrouver une santé mentale et sociale en leur proposant différentes formations telles que la couture ou encore l’apprentissage des langues étrangères. 

« On avait huit centres à l’époque, six en Syrie et deux au Liban. Aujourd’hui, il nous en reste que quatre et même les deux en Syrie ont été déplacés. Cette année, la plupart de nos centres ont été bombardés, ont dû être fermés ou bien même déplacés. On a perdu des collègues qui se sont fait tués, arrêtés.  » ajoute Maria d’une voix pénétrante. 

 

Sofia ABECHIR pour l’association LOBA 

[/et_pb_text][/et_pb_column][/et_pb_row][/et_pb_section]